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Marianne, 19 avril 1933

Article mis en ligne le 15 octobre 2010
dernière modification le 17 octobre 2010

Marianne, 19 avril 1933

Dans mes deux chroniques des 11 et 16 janvier dernier, je vous signalais la présentation qui vient d’être faite à Paris, Salle Gaveau, de deux petits opéras de Kurt Weill, sur des livrets de Berthold Brecht (l’auteur de l’Opéra de Quat’Sous, dans sa version allemande : Kurt Weill est le compositeur auquel nous devons la partition musicale de ce film, c’est-à-dire, entre autres, les célèbres chansons de « Barbara » et de « La fiancée du Pirate).

Les deux ouvrages nouveaux des deux jeunes poète et musicien (Où sont-ils aujourd’hui ? Où la vague nazie les a-t-elle roulés ? Ils avaient soulevé un intérêt très vif. Un lecteur m’informe aimablement que la maison « Gromophone » allemande a édité, sous le numéro EH 736 et sous le titre « Aufsteig und Fall der Stadt Mahagonny », une selection d’un de ces deux petits opéras, « Mahagonny » (visiblement inspiré, dans son texte, du « Donogoo » de Jules Romain). Dès que je me serai procuré cet enregistrement, je vous en parlerai.

Mais voici un petit disque « Ultraphone », (AP 956) qui nous apporte aujourd’hui deux airs de « Mahagonny ». Ils sont chantés en allemand par Lotte Lenja, la remarquable créatrice du rôle. Cette jeune cantatrice a une voix extrêmement prenante, dans son indécision juvénile. Sa pureté un peu acide évoque les adolescentes perverses dont la Claudine, de Colette et Willy, a été un des prototypes. Il faut seulement regretter que le mouvement donné à ces deux airs, par l’orchestre théo Mackeben, soit trop lent et que son rythme manque d’énergie. Ces deux chansons perdent ainsi de cette âpreté qui n’est pas leur moindre qualité.

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Une des marques de la liberté d’esprit n’est-elle pas cette fantaisie qui permet à l’artiste de se montrer égal ou supérieur à ce qu’il entreprend ? Dans ce cas, reconnaissons dans Beaumarchais, dans Musset, dans Giraudoux et parfois dans Sacha Guitry, de véritables aristocrates de l’art. Il est un autre moyen, plus vulgaire, d’atteindre à cette aisance : c’est de n’attaquer que des thèmes d’une si plate vulgarité qu’on les domine en se jouant. Facilité, dira-t-on ? Je n’en jurerais pas. Si le procédé était si commode, nous devrions compter les fantaisistes par douzaines. Or combien en compteros-nous qui puissent s’égaler à un Polin, naguère, et aujourd’hui à un Dranem ?

A son échelle, et dans le domaine du music-hall et de la chansonnette, l’art de Dranem det de Grock s’apparente en aristocratique liberté et en science profonde à celui des poètes dramatiques que nous citions tout à l’heure. Trouvez-en la preuve dans un excellen enregistrement de Dranem, « un soir de réveillon » (« Pathé », 94305), qui je vous l’avoue, est une pure joie. (Le titre que je vous indique est très supérieur à son camarade de titre, X, µ94298.)

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C’est dans le même esprit que je goûte la série, désormais célèbre, de la charmante Mireille, intitulée « Un mois de vacance » dont « Columbia » publie mensuellement la publication avec un bonheur constant, et où la jeune diseuse associe son talent à ceux de Jean Sablon, et de Pills et Tabet. Les derniers parus, depuis celui que je vous signalais en janvier, portent les numéros DF1077 et DF1075)

Classez dans la même série d’enregistrements pleins d’aristocratique liberté et de souveraine fantaisie, une scène de « Jean de la lune » avec Michel Simon (columbia BF 11). Touefois, son partenaire occasionnel ne nous fait pas oublier le délicieux René Lefebvre.


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