A l’occasion de l’inauguration de la Villa Bloch des dizaines de manifestations liées à l’écrivain ont animé (et animent encore à l’heure où nous écrivons) la ville de Poitiers.
En lien avec la belle exposition mise en place par les équipes de la médiathèque de la ville de Poitiers (Jean-Louis Glénisson, Florent Palluault, Anne-Marie Chaumont, Olivier Neuille...) on peut maintenant écouter ou réécouter les deux conférences sur les voyages (et l’exil) de Jean-Richard Bloch proposées par des historiens spécialistes de l’écrivain.
Alain Quella-Villéger, Jean-Richard Bloch au Sénégal
"Au printemps 1921, Jean-Richard Bloch se rend au Sénégal pour un court séjour dans la région de Dakar au cours duquel il redécouvre un pays qu’il connaissait par ses lectures et ses rêveries... L’occasion pour lui de partir "à la découverte du monde connu", de ses paysages et de sa faune, de ses habitants, colons ou indigènes." (Editions L’Harmattan à propos de la reparution de "Cacouettes et bananes" en 2018 - Coordonnée par Roland Roudil).
Rachel Mazuy, Le voyage et l’exil en URSS de Jean-Richard et Marguerite Bloch.
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Les rapports de Jean-Richard Bloch à l’URSS devraient faire l’objet d’un véritable livre. Un chapitre évoquerait son premier voyage en 1934, durant lequel il est délégué du Congrès des écrivains soviétiques.. En 1934, le premier voyage lié au Congrès qui entérine le « réalisme socialisme » est celui d’un intellectuel antifasciste invité et courtisé par les Soviétiques.
Il faudrait ensuite consacrer des pages à son exil durant la guerre, où, entre 1941 et 1944, il est réfugié en Union soviétique.
Ce sont ces séjours que nous évoquons ici en tentant de restituer tout à la fois leur caractère exceptionnel et leur importance dans son parcours biographique et intellectuel de l’écrivain.
Les débats et les festivités du Congrès sont suivis d’un incroyable voyage où Marguerite et Jean-Richard Bloch découvrent le Caucase. C’est largement enthousiaste et convaincu qu’il rentre en France et se jette dans l’action aux côtés des communistes.
Au printemps 1941, c’est en intellectuel membre du parti communiste (depuis l’été 1939), que Bloch obtient l’autorisation de se réfugier dans une Union soviétique où règne encore la paix.
A partir de l’invasion nazie du 22 juin 1941, il se fait donc tout à la fois le chantre de l’URSS et de la Résistance française en devenant la voix officielle de la France sur Radio-Moscou.
Les Bloch sont de fait aussi les témoins de la « Grande Guerre patriotique ». En octobre 1941, ils sont ainsi évacués vers l’Est lors de la fulgurante avancée allemande. Ils se retrouvent d’abord à Kazan avec des écrivains soviétiques, puis sont envoyés rejoindre les Kominterniens français à Oufa (Thorez, Togliatti). De retour à Moscou fin 1942, ils vont aussi faire le lien entre les communistes et les missions gaullistes (civiles et militaires).
C’est un exil long, douloureux, éprouvant puisque au delà des privations liées à la guerre, de la maladie, et de la séparation, le retour est tragique puisque Bloch apprend quelques mois après son arrivée en France, la mort de France exécutée par les Nazis, ou celle de sa mère, gazée à Auschwitz...
Cet exil pose en effet également la question de l’intellectuel juif face au génocide (persécutions des juifs d’Europe, Shoah par balles et découverte des camps).
Au sortir de la guerre, finalement, l’écrivain semble s’être effacé au profit du symbole qu’il est devenu : celui d’un résistant, père de martyrs de la résistance qui est profondément redevable à « la patrie du socialisme ». "
Les deux conférences sont à écouter sur le site de la Médiathèque de la ville de Poitiers :
· Le voyage et l’exil de Jean-Richard Bloch en URSS , par Rachel Mazuy : http://www.bm-poitiers.fr/PATRIMOINENUM/doc/SYRACUSE/4288648
· Jean-Richard Bloch au Sénégal, par Alain Quella-Villéger : http://www.bm-poitiers.fr/PATRIMOINENUM/doc/SYRACUSE/4289310
Logo de l’article : Commande de la Ville de Poitiers à Philippe SPÉ, réalisé à l’occasion de l’ouverture de la Villa Bloch