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DISQUES MAL GARNIS...

Marianne, 28 Juin 1933

Article mis en ligne le 17 octobre 2010

Marianne, 28 Juin 1933

Ce judicieux lecteur marseillais. De qui nous reproduisions, la semaine dernière, quelques sages observations sur le panachage des disques, M. H. Negro, nous écrit ceci qui est digne d’être médité par nos éditeurs.

« Beaucoup trop de disques sont incomplètement garnis. Souvent, l’acheteur, enchanté par un bel enregistrement, est déçu quand il .s’aperçoit que le disque ne comporte même pas trois minutes de musique ( alors qu’une face de 30 cm. doit en comporter de 4 à 5). Résultat. le disque ne coûte plus en réalité, 35 fr..ce qui est déjà trop cher, — mais de 50 à 70.fr. sans compter l’inconvénient d’oeuvres trop souvent coupées, et de disques qu’il faut retourner sans cesse sur le plateau ! X et Y ici les noms de deux célèbres maisons ont une solide réputation chez tous les... payants. Le critique, qui ne paye pas ses disques, ni se rend pas compte de l’importance de ce facteur. Mais si ! mais si !... Je puis vous fournir une liste très longue de tous les disques qui ne comportent pas 6 minutes pour les deux faces réunies. Je ne vous citerai que deux exemples pris au hasard : chez Odéon, le « Capriccio Espanol : ( 5 faces de 30 cm. pour moins de 15 minutes de musique) ; le même morceau existe chez Polydor. en 3 faces. Chez « Columbia », la sonate « Le Printemps » de Beethoven, en 7 faces de 30 cm. pour moins de 20 minutes ; la même, en 6 faces de 25 cm.. chez « Gramo » ( catalogue anglais ). Blanche Sel— enregistre, en trois grands disques « Prélude, Choral et Fugue » (Columbia). que Cortot, chez « Gramo », enregistre sur 2. Ces disques restent donc chez le marchand, quelles que soient, par ailleurs, leurs qualités. Les firmes devraient annoncer, sur les catalogues, la durée de chaque enregistrement. Cela simplifierait les recherches de tous ceux qui refusent, a priori, d’acheter des disques,-aux trois quarts vierges »

Bien dit. Souhaitons que les éditeurs prêtent toute leur attention a cette voix qui s’élève du grand public et a laquelle je suis heureux de prêter le pick-up de Marianne.

* * *

Chez « Gramophone », deux petits disques de Chants religieux orthodoxes (Chœurs de l’Eglise russe de Paris ).. qui vous plairont, principalement EK 142. Sm EK 141 un . « Kyrie Eleison », de Lwovski, où le choeur répète quarante fois le même cri éploré dans une modulation inextinguible et lugubre.

Chez Salabert (3248) une version tout à fait agréable et colorée. de l’air de « Figaro ». du « Barbier de Séville » avec M. L. Ponzin. .....

Chez « Ultraphone » ( FP 624 ) un extrait (pourquoi cet échantillonnage ?) de la « Symphonie Pathétique », que, •de Tchaïkowsky, le « Scherzo » et la « Marche ». enlevés avec un brio un peu italien par la Philharmonique de Berlin. direction Meyrowitz.

Chez le même éditeur, sous la même baguette et dans le même style (plus approprié ici), l’ « Ouverture des Vêpres Siciliennes » de Verdi (EP.596), et (EP.645) la « Ronde des Heures », tirée de la « Gioconda », du pauvre Ponchielli, opéra qui fit florès en 1886, bien oublié aujourd’hui ; remarquable spécimen de l’art italien, époque Foggazaro.

Même éditeur, même orchestre, mais sous ladirection d’Eric Kleiber (EP.375), une très bonne exécution musicale et bien sonnante, de « L’invitation à la valse », de Weber.

Même orchestre,. direction Aloïs Melichar (« Polydor »), une fantaisie sur les « Maîtres
Chanteurs », contestable à la fois par sa conception de pot-pourri et par sa doucereuse exécution. Du travail pour pick-up de casino bon marché.

C’est le London Symphony Orchestra, dirigé par Léo Blech, qui s’est chargé de l’ « Ouverture
Du Domino Soir »,d’Auber (« Gramophone »K.6838) et il en fait, ma foi, quelque chose d’impressionnant
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Jean Richard BLOCH


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